L’Amphithéâtre d’El Jem est un témoignage exceptionnel de l’architecture romaine, notamment des monuments construits pour les manifestations de spectateurs, en Afrique. Situé dans une plaine au centre de la Tunisie, cet amphithéâtre est entièrement construit en blocs de pierre, sans fondations et autoportant. À cet égard, il est calqué sur le Colisée de Rome sans être une copie exacte de la construction flavienne. Sa taille (grand axe de 148 mètres et petit axe de 122 mètres) et sa capacité (jugée à 35 000 spectateurs) en font sans conteste l’un des plus grands amphithéâtres du monde. Sa façade comporte trois niveaux d’arcades de style corinthien ou composite. À l’intérieur, le monument a conservé la plupart des infrastructures de soutien pour les sièges à plusieurs niveaux. Le mur du podium, l’arène et les passages souterrains sont pratiquement intacts. Cette création architecturale et artistique construite vers 238 après JC, constitue un jalon important dans la compréhension de l’histoire de l’Afrique romaine. L’Amphithéâtre d’El Jem témoigne également de la prospérité de la petite ville de Thysdrus (actuelle El Jem) à l’époque de l’Empire romain.

Critère (iv) : L’Amphithéâtre d’El Jem est l’un des rares monuments de ce type et unique en Afrique, qui n’est pas construit à flanc de colline, mais sur un terrain plat et soutenu par un système complexe d’arcades. Le monument d’El Jem est l’un des exemples les plus aboutis de l’architecture romaine d’un amphithéâtre, presque égal à celui du Colisée de Rome.

Critère (vi) : La construction dans une province lointaine d’un édifice sophistiqué et complexe, conçu pour des spectacles populaires, est caractéristique de la propagande impériale romaine.

Intégrité (2009)

Le monument a conservé, sans altération, la plupart de ses composantes architecturales et architectoniques.

Authenticité (2009)

Les travaux de restauration menés au fil du temps n’ont pas affecté l’essentiel de l’authenticité fonctionnelle et structurelle du bien. L’authenticité du cadre est cependant menacée par l’apparition de nouvelles constructions autour de l’amphithéâtre.

Exigences de protection et de gestion (2009)

L’Amphithéâtre d’El Jem est protégé par la loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique et historique et des arts traditionnels, et par un décret qui limite la hauteur des bâtiments à 5 mètres sur une superficie de 300 mètres du centre de l’amphithéâtre. Le code du patrimoine prévoit le droit d’examiner toute intervention autour du monument (zone contrôlée) tandis que le plan d’aménagement de la ville d’El Jem définit des zones spécifiques autour du monument, des zones archéologiques et contrôlées et des cônes de vision pour préserver les perspectives urbaines.

La gestion de ce bien est assurée par une unité mixte de conservation, restauration et mise en valeur de l’Amphithéâtre d’El Jem ; il est composé de l’Institut national du patrimoine, organisme scientifique et technique responsable, et de l’Agence de la présentation du patrimoine et de la promotion culturelle, chargée de l’exploitation commerciale du patrimoine culturel et de sa mise en valeur. La création d’une zone tampon pour protéger le bien contre le développement urbain continu qui pourrait avoir un impact sur son environnement, et la mise en place d’une réglementation appropriée pour préserver l’authenticité de son environnement, sont à l’étude.